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Guidette Carbonell ... à Courcelles

G.Carbonell
G.Carbonell


GUIDETTE CARBONELL est née à Meudon le 23 Janvier 1910, d'un père médecin (Catalan) et d'une mère artiste peintre (Arménienne). Dès l'âge de 15 ans elle suit des cours avec le peintre André Lhote. Elle entre à l'Académie Ranson, puis à l'Académie Suédoise dans l'atelier de Othon Friesz. C'est suite au partage d'un atelier avec Josep Llorens Artigas, qu'elle décidera d'être Céramiste.

Vers 1933, ses participations à des salons prestigieux (Salon d'Automne, Tuileries, Artistes décorateurs) vont l'inciter à voyager afin de découvrir les civilisations qui marqueront son travail (Bassin Méditerranéen). Elle fera connaissance avec Jacques Adnet, décorateur, qui dirige la Compagnie des Arts Français. En 1936, l'Etat lui achète un relief sculpté intitulé "Le Cirque".

Femme au Lion 1937 Comme la fourmi de la Fable, cette femme de bon sens réinvestira ses premières ventes dans ce qui deviendra bientôt son lieu d'inspiration: la maison de Courcelles à Méréville (S&O). On est en 1937. La même année, à l'occasion d'une Exposition Internationale, l'Etat lui passe commande de deux fontaines monumentales, l'une pour le Pavillon de Sèvres, l'autre pour le Pavillon de la Lumière. (en photo à droite, la Femme au Lion, pavillon de Sèvres)

visage d'enfant
En 1939, elle participe au Salon des Artistes Décorateurs, à l'Exposition Internationale de San Francisco, puis à celle de l'Art Français au Caire. Peu de temps après, son compagnon, le sculpteur Emmanuel Auricoste est mobilisé. Guidette se réfugie à Courcelles. En 1941, alors que naît sa première fille, Isabelle, Guidette expose au Musée d'Art Décoratif à Paris. Le couple Auricoste-Carbonell aura deux filles, Marianne naîtra en 1943. Guidette commence à modeler en s'inspirant de ses enfants. (à gauche, visage d'enfant sur le modèle de Marianne) .

En 1944, elle participe à l'exposition de la "Compagnie des Arts Français". Un tondo mural "Deux lions fantastiques et le Paradis terrestre" sera acquis par l'Etat. L'année suivante elle est membre du comité du Salon des Artistes Décorateurs.

Reprennent les expositions: Céramiques à la galerie J.Bucher (Paris, 1949), Salon des Arts de la table (Paris), Art Français (Brésil 1950), galerie Mai (Paris), Triennale de Milan (Médaille d'Argent 1951) .

En 1952, elle commence une série de réalisations murales essentiellement pour des écoles (par ex: Ecole de Chimie de Rouen).

Une harpie de Guidette En 1957, elle est fait Chevalier des Arts et des Lettres, suivi en 1958 de la Médaille d'or à l'Exposition Internationale de Bruxelles (panneau en lave émaillée). En 1960, exposition "Ecole de Paris-Arts décoratifs" au Japon. Son thème le plus célèbre est bien sur les Harpies. Jamais telles figures n'ont paru aussi sympathiques que les Harpies de Guidette ! (Photo d'une harpie double face à droite)

En 1964, l'artiste commence une série de petits collages textiles et tapisseries sur le thème des Hibous. La plus célèbre, inspirée par la perte de sa chouette favorite à Courcelles tirée par un maniaque de la gachette, est une oeuvre monumentable, pièce maîtresse de l'exposition lors des Journées du Patrimoine 2009, au Centre Culturel de Méréville. (photo à gauche) Chouette























En 1979, Guidette Carbonell prend part au Salon des Femmes peintres, à Paris, s'engage dans le féminisme et le débat écologique.

En 1985, on redécouvre ses oeuvres des années 50-60, rue de Seine à Paris. (Galerie DownTown).
En 1988, ses oeuvres primées dans les années 50 sont exposées au Centre Georges Pompidou à Paris.
En 1997: Exposition de ses tentures murales au Centre Culturel de Clamart.

En 2007, Une rétrospective organisée par le Musée des Arts Décoratifs (Le Louvre, Paris), suivie de "La Piscine" à Roubaix et le Musée de la Céramique à Rouen, a connu un succès à la hauteur de l'oeuvre. Hélas, Guidette Carbonell, âgée de 98 ans, n'aura pu apprécier cet hommage. Elle décède en Avril 2008, un hommage émouvant lui sera rendu en l'Eglise Arménienne de Paris.





Eugène Guillevic par Marianne Auricoste

Un magnifique ouvrage intitulé "Guidette Carbonell, Céramiques et tapisseries" editions Norma (Paris) est sorti la même année. La partie "intime" du texte historique, est de la plume de sa fille Marianne Auricoste, comédienne, écrivain, poète et, comme sa mère, amie de Méréville. Son compagnon des années 70, le poète breton Engène Guillevic, résida lui aussi chez Guidette à Courcelles, qu'on finit par surnommer "le Hameau des Artistes ", tant il attira de talents. Marianne a dédié à son compagnon, un livre, où on le voit en couverture devant le mur de pierre de la maison. (à droite)





La Marjolaine

"La lumière sur la plaine était belle, et un vent continuel chassait de beaux nuages et renouvelait l'air qui était très salubre. J'y ai élevé mes deux filles qui depuis leur naissance y ont passé leurs vacances et de nombreux weekends. Le bon air leur donnait une bonne santé . [... ] Heureusement le paysage et la nature y sont pour le moment préservés et je souhaite que tout le monde ait coeur de défendre ce pays. Ce charme que notre civilisation agresse partout et qui lui est pourtant indispensable au coeur de l'Homme... "

 Guidette Carbonell
Courcelles 1990.




Sur la carte postale, la Marjolaine à gauche du chemin, la grange de Blaise Cendrars à droite. Ce que voyait Guidette depuis sa fenêtre.

Par la suite, le champ devint un verger à pommes hélas aujourd'hui disparu, la transformation inéluctable de ces endroits nous affecte terriblement. Dans une génération, la belle prose ci-dessous aura-t-il encore une signification ?





Courcelles
" Les bêtes ont égaré leurs cris... Encore quelques insectes, des abeilles, des pruniers, des pommiers, des tournesols...
Un continent de coeurs et de pétales, un brasier. Je les aperçois depuis la route qui borde le cresson. La route basse, encaissée dans le vert humide des cressonnières, ces buissons arrondis en pelouses, en prairies acides.
Je flâne, je marmonne. Je chantonne.
Au tournant de la route, un panneau gris pris au béton : Courcelles, mon territoire.

Courcelles... une graine ... Un très petit bouton d'or épargné du désastre.
Mais c'est ici que bat le monde. Ici qu'il s'opère, s'espère, se prolonge, se forge.
Ici que gît le lièvre des frayeurs et du bonheur.
Ici depuis cent ans le jour témoigne et gagne un lendemain. "

   
Marianne Auricoste, (fille de Guidette), "Le chemin des rumeurs" 1987









Textes originaux mis à disposition par la fille de l'Artiste et la SHACM pour l'auteur.

L'auteur de ces pages remercie vivement notre amie Marianne Auricoste qui a si bien décrit sa Maman, les Associations et tout particulièrement la Société Archéologique et Historique du Canton de Méréville (SHACM) dont nous sommes membres, pour leurs conseils, l'accès à leurs documents et en avoir autorisé leur publication sur Internet.


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